21

je me suis assoupi au pied de l’arbre des droits humains un arbre à feuilles radicales et larges d’esprit à feuilles lancéolées guidant le peuple qui s’est donné rendez-vous au rond-point d’exclamation au rond-point d’interrogation au rond-point sur les i qui n’en finissent pas de tourner en rond en sens inverse des aiguilles d’une montre de plongée libre sans bouteille ni masque mais avec gilet de sauvetage en marée humaine avec gilet d’un rouge magenta avec gilet d’un jaune citron pressé d’en finir avec l’ancien monde d’un jaune Poussin peignant le Massacre des Innocents qui ne rêvent pourtant que d’un bal masqué de Venise d’un bal de sirènes d’usine où dansent chimères et mélusines d’un bal populaire place Royale devenue place du Peuple où le roi est nu où le roi Ubu à satiété toutes les paroles de ses sujets sans verbe ni compliment sans adjectif ni article de loi Divine comédie jouée aux portes de l’enfer chaque année au printemps des poètes au printemps des révolutions coperniciennes si pernicieuses aux yeux des oligarques vaccinés contre le grand soir dont rêvent les gilets jaune citron pressés de faire table rase du passé composé seulement pour quelques-uns

Bernard B

12 réflexions au sujet de « 21 »

  1. bernardbpoesie Auteur de l’article

    depuis ma publication du 16 mars une modification majeure (lignes 7-8) : « d’un bal populaire place Royale devenue place du Peuple où » (en référence à Nantes, en mai 1968); j’ai supprimé « place de la liberté guidant le peuple » (« guidant le peuple » déjà utilisé en début de poème), toutes mes excuses à Eugène Delacroix !

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  2. bernardbpoesie Auteur de l’article

    Sur le poème en prose, lire l’article de Jean-Pierre Bertrand « Un genre sans queue ni tête : le poème en prose », extrait du livre (p. 71-80) intitulé  » Sociologie de la littérature : la question de l’illégitime » de Sylvie Triaire, Jean-Pierre Bertrand, Benoît Denis; Presses universitaires de la Méditerranée, 2002.

    « Convenons donc, pour conclure, que le poème en prose est un produit littéraire extrêmement marqué. Il n’a pu faire sens qu’en regard de l’autonomisation du champ littéraire moderne dont il est la manifestation textuelle idéale et emblématique, bien davantage d’ailleurs que le vers-libre ou que le monologue intérieur avec lesquels il partage une semblable visée émancipatrice. Il n’est certainement pas indifférent que ce soient les écrivains les plus en rupture avec les institutions qui se soient montrés les plus prompts à le valoriser, du moins à l’explorer : Baudelaire — et avant lui quelques petits romantiques —, Lautréamont, Rimbaud, Mallarmé. Chez eux, le poème en prose aiguise le fantasme de la création d’un genre nouveau, autonome, qui fonctionne sur son absence de règles, casse les codes en vigueur, tourne le dos à l’histoire. Un genre « [sans] queue ni tête. Tout […] tête et queue », pour reprendre l’expression de Baudelaire, qui aura eu la faculté subversive de décloisonner les classes de textes et d’introduire l’hybride dans des formes canoniquement étanches. Qu’importe au fond que le poème en prose soit un genre ou non : il apparaît dans l’histoire de la poésie du xixe siècle comme une chimère féconde qu’on porte on ne sait pourquoi sur le dos — à l’image de celles que l’on rencontre dans le Spleen de Paris et qui intriguent tant le flâneur :
    « Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher » (Ch. Baudelaire, « Chacun sa chimère », dans Le Spleen de Paris, op. cit., p. 31.)

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    1. bernardbpoesie Auteur de l’article

      MERCI à vous ! Je vous invite à lire mon article de présentation de mes pauses surréalistes : https://bernardbblog.wordpress.com/les-pauses-surrealistes-de-bernard-b/
      Il est vrai que mes pauses surréalistes, poèmes en prose, puisent l’inspiration à fleur de peau de l’actualité (souvent politique mais pas que…), bien loin d’une seule expression lyrique coupée de la vie quotidienne : c’est ma façon d’exprimer des maux par des mots …

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  3. Dominique Hasselmann

    Avec son « Grand Débat » qui se mord la queue et arrive enfin vers la sortie, le gouvernement – incapable depuis quatre mois de prendre une décision qui « rompe » clairement avec les « ronds-points » et manifs hebdomadaires – a tourné comme une toupie et montré son incapacité à gouverner l’imprévisible.

    Heureusement, il reste les mots – comme ici – pour fustiger cette politique de gribouille et de guignols plus aptes à faire des marathons télévisés que du saut d’obstacles.

    Les Français sauront qu’un prochaine bulletin de vote peut être plus efficace, dans ces conditions, qu’un « cahier de (con)doléances » mis à leur disposition à cause d’une « exaspération fiscale » (sic) sans doute purement passagère !

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